Amitié franco-marocaine

L’un des objectifs de l’Association Nationale Maréchal Lyautey et de la Fondation Lyautey étant  “d’entreprendre toute  action destinée  à faire  connaître la vie  et l'oeuvre  du Maréchal  Lyautey, à perpétuer son souvenir et à transmettre son message ", il va de soi qu’elle s’attache à transmettre son message concernant l’amitié franco-marocaine.

L’investissement de Lyautey pour une amitié durable

Lyautey a véritablement jeté les bases d’une solide amitié franco-marocaine fondée sur le respect et la confiance. Depuis son arrivée au Maroc, en 1912, il répétait en maintes occasions :

“Je veux nous faire aimer de ce peuple.”

 

Lyautey - 1987 Le Colonel Geoffroy signe le Livre d’or du mausoléé Mohammed V à Rabat
1987 Le Colonel Geoffroy signe le Livre d’or du mausoléé Mohammed V
 

 

Et, lors d’une déclaration capitale faite le 14 avril 1925 à Rabat, il évoquait la naissance et l’évolution des sentiments d’amitié qu’il souhaitait voir se développer, En guise de conclusion, il reprenait cette même formule devenue un leitmotiv.


Voici un extrait de cette déclaration :
« ...... Je disais aux Marocains : "Nous avons le respect complet de votre foi, de vos moeurs, de vos institutions, de vos places sociales et protocolaires". Ils me répondaient : "Vous peut-être, mais nous connaissons l'Algérie et ce qu'on y a fait. Vous êtes le seul Français à penser ainsi". Je leur ai démontré avec le temps qu'en dehors de moi c'était l'esprit même du Protectorat.”
“J'ai la conviction qu'il s'est dès lors créé un courant de sympathie entre la population marocaine et l'élément colonisateur et que ce courant me dépassera. Je n'ai pas cessé d'espérer créer entre ce peuple et nous un état d'âme, une amitié, une satisfaction intime, mais qui auront pour résultat final que, si les événements le détachent politiquement de nous, toutes ses sympathies resteront françaises. “
“C'est la pensée avec laquelle je vis,qui me porte, qui est une directive essentielle : je veux nous faire aimer de ce peuple.»

“Je veux nous faire aimer de ce peuple.” Il y est arrivé parce qu’il a su traduire ses intentions et ses paroles en actes et ceci en vertu de ce qu’il énonçait “Il n'y a pas d'oeuvre humaine qui pour être vraiment grande n'ait besoin d'une parcelle d'amour » «

L’estime dans laquelle l’ont tenu les Souverains du Maroc s’est exprimée en de nombreuses occasions. Nous nous limiterons à quelques exemples.

<> Le Maréchal Lyautey avait assisté à la conférence nord-africaine d'Alger. Le 11 février 1923, à Oujda, sur le chemin du retour, il est pris de très violentes douleurs au foie; Transporté d’urgence à Taza pour y être soigné, il exige malgré les supplices du voyage en voiture de continuer jusqu'à Fez. S'il doit mourir, dit-il, que ce soit dans la Ville Impériale !  Pendant dix jours, il est entre la vie et la mort.

Le Sultan Moulay Youssef s'émeut et ordonne que des prières publiques soient dites dans toutes les mosquées pour sa guérison. Ce geste unique dans l'histoire, révèle le prestige du Maréchal et l'affection qui lui est portée. A Rabat, la prière du vendredi est célébrée avec un éclat exceptionnel. A Fez, le 23 février, le conseil municipal (le Medjless) et les corporations pénètrent dans la cour du palais de Bou Jeloud et récitent le “Ia-el-Attif,” la prière du Prophète, que l'on dit uniquement en l'honneur du Sultan.

 

<> Malmené et humilié par le gouvernement en désaccord avec sa politique, le Maréchal Lyautey envoie sa démission à Painlevé le 25 septembre 1925. Il est reçu en audience d'adieu par le Sultan Moulay Youssef,  le vendredi 2 octobre, jour qui coïncidait avec la cérémonie traditionnelle de la « hedia » de la fête du Mouloud. A son allocution, le Sultan répondit en ces termes :
« Je regrette de vous voir quitter le Maroc et je déclare très fermement que, si vous n'aviez pas évoqué des raisons si graves, nous aurions fait une démarche personnelle auprès du gouvernement français pour lui demander de vous laisser ici. »

 

<> Preuve d'amitié et d'estime le Sultan Moulay Youssef accompagné de 25 caïds et notables marocains rend visite au Maréchal Lyautey, le 18 juillet 1926, dans son château de Thorey, en Lorraine. 

1926-le Sultan Moulay Youssef chez le maréchal Lyautey à Thorey
au centre le Sultan Moulay Youssef à Thorey


<> Le 7 août 1931, SM le Sultan Mohammed ben Youssef  accueilli à l’Exposition Coloniale de Paris par le Maréchal Lyautey déclare dans son discours ;
“En venant admirer l’Exposition Coloniale, cette belle réalisation de votre génie, il nous est particulièrement agréable de profiter de cette occasion  solennelle pour apporter notre salut au grand Français qui a su conserver au Maroc ses traditions ancestrales, ses moeurs et ses coutumes, tout en y introduisant cet esprit d’organisation moderne sans lequel aucun pays ne saurait vivre désormais.

Pouvons-nous oublier, en effet, qu’à votre arrivée au Maroc, l’Empire chérifien menaçait ruine ? Ses institutions, ses arts, son administration branlante, tout appelait un organisateur, un rénovateur de votre trempe pour le remettre dans la voie propre à le diriger vers ses destinées.

En ménageant la susceptibilité de ses habitants, en respectant leur croyances et leurs coutumes vous les avez attirés vers la France protectrice par vos nobles qualités de coeur et la grandeur de votre âme.”

 

1932-Photo dédicacée du Smed au marultan Mohaméchal Lyautey
1932-Photo dédicacée du Sultan Mohammed au maréchal Lyautey

Texte de la dédicace de SM le Sultan Mohammed ben Youssef au Maréchal Lyautey : 

« Souvenir de notre passage à Thorey

A notre grand ami Monsieur le Maréchal Lyautey

à qui le Maroc gardera toujours une éternelle

reconnaissance pour son oeuvre à jamais célèbre.»

Le 22 Rabia II 1351

    25 Août 1932
 

Le 27 juillet 1934, SM le Sultan Mohammed, après un séjour en France est à Marseille sur le point d’embarquer pour le Maroc; Il y apprend le décès du Maréchal Lyautey auquel il avait rendu visite deux semaines plus tôt. Il décide de faire demi-tour pour aller au château de Thorey-Lyautey s’incliner devant la dépouille du Maréchal et présenter ses condoléances à son épouse : un beau geste d’estime, de respect et d’amitié.

Une amitié solide qui survit à Lyautey, le visionnaire

On sait dans quelles conditions humiliantes, le “Cartel des gauches” a évincé Lyautey, l’acculant à la démission. Après des adieux émouvants, il quitte le Maroc le 10 octobre 1925.

Sitôt son départ, certains vont s’employer à “détricotter” ce qu’il avait conçu et réalisé pour le bien du Maroc et de ce peuple qu’il a tant aimé. C’est ainsi que SM le Roi Hassan II,  qui a subi l’exil de la famille royale du 20 août 1953 au 16 novembre 1955, a pu écrire dans “Le Défi”(Ed.; Albin Michel 1976) aux pages 22  et 24 :
.....
“En réalité, dès 1925, le résident Steeg avait placé ses créatures dans la haute administration avec pour mission de faire du Maroc une colonie.
Dès 1930, de la conception du protectorat imaginée par Lyautey en 1920 : libre discussion, collaboration étroite entre Marocains et Européens, création de cadres communs, émancipation, etc..., il ne restait pratiquement plus rien.”
.....

“C’est après le départ du Maréchal Lyautey que les difficultés se sont multipliées à cause de l!obstination, parfois de l’impéritie, des fonctionnaires de la Résidence générale, mis en condition par une certaine population française.”

1976-Le Défi par Hassan II
1976-Le Défi par Hassan II

Dans le même livre, le Souverain du Maroc évoque Lyautey visionnaire des relations à instaurer avec le Maghreb ( pages 123 et 124) :
“Le présent et l'avenir d'un pays sont solidaires de son passé. On connaît seulement une partie du nôtre, qui eut été bien différent si les larges vues du Maréchal Lyautey avaient été comprises à Paris.     
La France, selon Lyautey, devait s'engager hardiment dans une politique amicale, non seulement avec les pays du Maghreb, mais avec tous les peuples arabes et islamiques dont il semblait pressentir le réveil, ou plutôt la renaissance. Immédiatement après la Première Guerre mondiale, le Maroc souverain devait constituer une des pièces maîtresses de l'œuvre nouvelle que le Quai d'Orsay devait entreprendre et mener à bonne fin. De l'avis même du résident général, une telle politique ne pouvait réussir qu'à deux conditions :
1° Modernisation du Maroc souverain, grâce à un développement parallèle franco-marocain.     
2° Accession du Maroc modernisé et souverain à une indépendance progressive, organisée, afin que la politique méditerranéenne et proche-orientale de la France put s'appuyer sur une nation forte et libre, placée à la charnière de la vieille Europe et des peuples maghrébins et africains.     
Hubert Lyautey exposa très précisément cette conception aux présidents Poincaré et Leygues, de 1920 à 1923 : l'existence d'un Maroc nationalement faible, colonisé, vivant sous la contrainte d'une occupation économique et militaire protégée par de vastes opérations de police, était contraire à la raison et au simple bon sens. Par conséquent à la politique française en Afrique.
Telles étaient les vues de Lyautey. Mais cet esprit, on l'a vu souffla de moins en moins à Rabat de 1925 à 1930 et “l'affaire marocaine” devint bientôt pour nos protecteurs une excellente “affaire coloniale”. A Rabat, il était assurément plus facile de s'en tenir à la routine, à cette politique “à la petite semaine” qui . donne aux plus avisés de si grands bénéfices.”

Ce qui s’est passé au Maroc après le départ de Lyautey - dont la succession, il est vrai, était difficile à assurer - ne pouvait que faciliter l’amalgame : abandon de la politique des contacts, pratique de l’administration directe, dahir berbère, sans compter la politique “politicienne” des différents gouvernements français qui ont paralysé les meilleurs résidents, quand ils n’ont pas nommé des incapables, ce que Lyautey avait prévu et énoncé en ces termes :

“Beaucoup de fausses directions ont parmi leurs causes l’inaptitude des hommes arrivés au haut des hiérarchies, à comprendre, à connaître même les états d’âme des générations qui montent, et de ne pas tenir compte des inévitables évolutions.”

“Je veux nous faire aimer de ce peuple.” Il y est arrivé et de façon durable, puisque, malgré les erreurs commises, contraires aux vues du visionnaire qu’était Lyautey, l’amitié franco-marocaine a  permis de surmonter les difficultés de parcours.

L’Association Nationale Maréchal Lyautey
et la Fondation Lyautey

portent témoignage de l’amitié franco-marocaine

L’Association Nationale Maréchal Lyautey créée en 1980 affirme sa fidélité à  l’esprit qui animait Lyautey, notamment dans le domaine de l’amitié franco-marocaine et elle profite de chaque occasion pour le manifester Parmi les activités déployés dans ce domaine,  il faut noter :

Semaine franco-marocaine à Nancy en 1984 comportant exposition, conférences, concerts et animation folklorique, cinéma, concours de vitrines et réception officielle avec la présence du Consul Général du Maroc en résidence à Strasbourg

Voyages  “Sur les traces de Lyautey au Maroc”
Depuis 1987, de nombreux voyages sur le thème “Sur les traces de Lyautey”  organisés au Maroc, pour les adhérents de l’Association Lyautey, ce qui représente à ce jour, la découverte du Maroc par plus de 3.000 personnes porteuses d’un message d’amitié franco-marocaine.
 
Dépôt de gerbe sur le tombeau de SM Mohammed V à Rabat
Pour inaugurer ces voyages le Colonel Geoffroy, président de l’Association Lyautey, à la tête d’une délégation de 90 personnes, a été autorisé par le cabinet royal à déposer une gerbe au Mausolée Mohammed V, et à signer le Livre d’Or, comme il est de coutume dans les grandes occasions.

Incitations auprès de la ville de Nancy qui ont abouti en 1988 à  l'établissement de liens privilégies entre Nancy et Fès.

Logo du Moussem de Thorey-Lyautey
Logo du Moussem de Thorey-Lyautey

Moussem à Thorey-Lyautey en 1988
Cette grande manifestation franco-marocaine sur le thème “Le Maroc chez le Maréchal Lyautey" placée sous le Haut Patronage de S M le Roi Hassan II,, représenté à l’inauguration par  son Ministre du Tourisme a attiré plus de 60.000 visiteurs du 2 au 17 juillet 1988.
Pendant cette fête ont évolué 6 groupes folkloriques et 26 cavaliers de fantasia (venus par avion avec leurs chevaux) au milieu d’un véritable village marocain (10 grandes tentes caïdales, un restaurant, des artisans)
Cavaliers marocains au Moussem de Thorey-Lyautey
Cavaliers marocains au Moussem de Thorey-Lyautey

Comme le souhaitait l’Association Lyautey, le Maroc est l’invité d’honneur de la Foire Internationale de Nancy en 1999. Dans son allocution, SE Monsieur l’Ambassadeur du Royaume du Maroc Mohamed Berrada qui devait notamment déclarer :

“On ne peut venir en Lorraine et, en particulier, à Nancy sans évoquer le Maréchal Lyautey. Il ne faut pas oublier qu’il appartient autant à l’histoire du Maroc qu’à l’histoire de France.”

SE Monsieur l'Ambassadeur Berrada et le Colonel Geoffroy
SE Monsieur l'Ambassadeur Berrada et le Colonel Geoffroy

Le 9 juin 1999 - Réception de SE Monsieur l’Ambassadeur du Maroc en France Mohamed Berrada au château du Maréchal Lyautey. Très ému par cette rencontre avec Lyautey, dont la présence se dégage de ses souvenirs, il consignait sur le Livre d’Or le texte suivant :


« Merci au Colonel Geoffroy et à tous ceux qui ont “milité” pour préserver, restaurer, conserver un patrimoine commun appartenant à la fois au Maroc et à la France. Ce patrimoine, c’est notre mémoire, car le Maréchal est resté profondément attaché au Maroc, à ses traditions, à sa culture, jusqu’à ses derniers jours. Il a été de ce fait le premier ciment de l’amitié dosée d’affection entre les Marocains et les Français, telle qu’on l’observe aujourd’hui.
Cette maison nous appartient donc à nous tous et nous devons donc veiller à sa survie, pour que les générations futures comprennent l’originalité de leurs racines
. »

 

La sincérité et l’affectivité de ces propos se passe de commentaire, d’autant plus que Sa Majesté le Roi Hassan II  les a confirmés par la nomination du Colonel Geoffroy au grade d’Officier dans l’Ordre Royal du Ouissam Alaouite par un dahir (décret royal) du 13 juillet pris à l’occasion de sa visite officielle en France.

Chaque année, à Thorey-Lyautey, Monsieur le Consul Général du Maroc en résidence à Strasbourg se joint aux personnalités pour la cérémonie d’hommage au Maréchal Lyautey. En 2003, c’est SE Monsieur l’Ambassadeur Hassan Abouyoub qui a honoré de sa présence cette manifestation au Mémorial Lyautey avant de visiter le château du Maréchal.

SE Monsieur l'Ambassadeur Abouyoub dépose une gerbe au Mémorial Lyautey
SE Monsieur l'Ambassadeur Abouyoub dépose une gerbe au Mémorial Lyautey

Monsieur le Consul Général Belrhiti et le Colonel Geoffroy
Monsieur le Consul Général Belrhiti et le Colonel Geoffroy

En 2006, année du cinquantième anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Maroc, l’Association Lyautey a organisé un colloque à Paris avec deux thèmes : "Lyautey et son temps" et "Lyautey et le Maroc".

Dans la partie "LYAUTEY et le MAROC, deux intervenants marocains y ont parlé de l’oeuvre de Lyautey au Maroc, en présence de Monsieur la Ministre plénipotentiaire Mostafa Basso représentant SE Monsieur Fathallah Sijilmassi, Ambassadeur du Royaume du Maroc en France.

 

Le Maréhal Lyautey aimait dire :

"Plus je vis au Maroc,

plus je suis persuadé de la grandeur de ce Pays."