Biographie d’Hubert Lyautey

Le Maréchal Hubert Lyautey (1854-1934)


Evoquer Hubert LYAUTEY, c'est évoquer un personnage hors du commun qui avait la stature d'un homme d'Etat. Sa personnalité aux multiples facettes, souvent mal connue pour avoir trop longtemps été enfermée dans des clichés ou avoir été subtilement déformée, voire occultée, est fascinante et mérite qu’on s’y intéresse. Car, loin de subir l’érosion du temps, son prestige n’a fait que grandir au point de devenir un véritable SYMBOLE.

Ce visionnaire apparaît bien, compte tenu de sa personnalité marquante, de son exemple, de l’ampleur et de la variété de son oeuvre, comme un des symboles forts de l’homme d’action, du défenseur des valeurs fondamentales de notre civilisation et comme le symbole incontournable de notre histoire coloniale.

Hubert Lyautey
Hubert Lyautey

Evoquer tout à la fois cet homme de pensée et cet “animal d'action “, comme il se définissait lui-même, qui préférait “montrer sa force pour en éviter l’emploi” et s’attachait à “faire de la vie”,

c'est évoquer la grandeur de la France et l'oeuvre humaine et généreuse qu'elle a accomplie outre-mer,

c’est évoquer aussi l’Armée d’Afrique qui s’est couverte de gloire sur tous les champs de bataille,

c'est évoquer encore les liens historiques, culturels et affectifs tissés avec le Maroc à l’histoire duquel son nom reste associé.

 

Lyautey - Le Sultan Mohammed chez le Maréchal
Le Sultan Mohammed chez le Maréchal

 

Hubert Lyautey élevé à la dignité de Maréchal de France en 1921 fut aussi membre de l'Académie Française (élu en 1912, reçu en 1920), Ministre de la Guerre (décembre 1916 - mars 1917) Résident Général de France au Maroc (1912-1925), Commissaire Général de l'Exposition Coloniale de 1931 et, preuve de l'intérèt qu'il portait à la jeunesse, Président d'honneur de toutes les fédérations du Scoutisme français (1928).
Hubert Lyautey était Grand Croix dans l'Ordre de la Légion d'Honneur et Grand Croix dans l'Ordre marocain du Ouissam Alaouite.

 

Homme de tradition et homme de progrès, tourné vers l'avenir et vers la jeunesse,

Humaniste ayant un sens aigu du social, prônant sans cesse l'effort et la recherche de ce qui peut unir les hommes, Il énonçait : “Il n'y a pas d'oeuvre humaine qui pour être vraiment grande n'ait besoin d'une parcelle d'amour”.

Homme de communication et de management avant la lettre,
Européen convaincu, il fut dans de nombreux domaines un précurseur dont le message universel est toujours actuel.

 

La vie et l'oeuvre d'Hubert Lyautey symbolisent l'esprit d'équipe et l'esprit d'entreprise et sont l'illustration de sa devise: “ La joie de l'âme est dans l'action “.

 

Repères biographiques

 

1854 Naissance à Nancy, le 17 novembre, de Louis, Hubert, Gonzalve Lyautey, fils de Just Lyautey (1821-1893) et de Laurence Grimoult de Villemotte (1832-1890).

La Place Stanislas, à Nancy
La Place Stanislas, à Nancy

Son père, était le descendant, côté paternel, d’une famille franc-comtoise de militaires qui comptait plusieurs généraux d'Empire. Son arrière-grand-père avait été ordonnateur en chef des Armées du 1er Empire et son grand-père, général d'artillerie, avait été nommé sénateur à sa retraite par Napoléon III.

Il fit exception à cette règle familiale. Polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, nommé à Nancy pour diriger les travaux de construction du canal de la Marne au Rhin, il fait la connaissance à Crévic (prés de Lunéville) de Laurence Grimoult de Villemotte. De leur union naissent trois enfants : Hubert, le futur Maréchal, né à Nancy à deux pas de la place Stanislas sera l'aîné d’un frère Raoul né en 1856 et d’une soeur Blanche née en 1867.

Parents d'Hubert Lyautey
Parents d'Hubert Lyautey

1856 Au mois de mai, on fête à Nancy le baptême du Prince Impérial. Hubert âgé de 18 mois échappe à la surveillance de sa nourrice venue admirer la revue des troupes depuis l'hôtel particulier des arrière-grands-parents, place Stanislas. Il tombe du balcon et doit son salut au passage d'un cuirassier dont l'épaule, puis la croupe du cheval amortissent la chute. Les conséquences n’apparaîtront qu’un peu plus tard.

Le balcon de la chute de Lyautey (1856)
Le balcon de la chute de Lyautey (1856)

1859 Opération de la colonne vertébrale prescrite par le professeur Velpeau. Il doit rester couché pendant deux ans, puis marcher avec des béquilles. Immobilisé dans un plâtre, puis astreint au port d’un corset d’acier jusqu’à 12 ans, la lutte contre la souffrance affermit son caractère. Il prend goût à la réflexion qui nourrit l'action et à la lecture, une passion qui ne le quittera jamais.

Hubert Lyautey à 7 ans
Hubert Lyautey à 7 ans

1864 A 10 ans, pour la première fois, il peut aller à l’école avec une canne et entre en 6ème au Lycée Impérial de Nancy, devenu depuis le Lycée Henri Poincaré. Rétabli, il se révélera déjà dans ses jeux un entraîneur d’hommes.

Hubert Lyautey avec son jeune frère (1866)
Hubert Lyautey avec son jeune frère (1866)

1868 Poursuite des études à Dijon. où la famille s’est installée en mai dans l’hôtel de Broïn, près de la maison natale de Bossuet.

1870-71 Il restera marqué par la guerre de 1870 et la défaite. Cette guerre qu’il traitait, en 1897, de “fratricide” avait selon lui “brisé dans l'oeuf l'Europe unie, logique, historique que préparait le long travail des siècles“.
On le trouve à la tête d’une petite “armée” qu’il a constituée avec ses camarades et qui s’entraîne à la guerre. Il crée même un journal ronéotypé “Le courrier de l’armée”, dont il est le rédacteur en chef.


1872 Baccalauréat de philosophie en juillet. Départ de la famille à Versailles. Il prépare le concours de Saint-Cyr à Paris à l'école Sainte Geneviève appelée "Ginette" dirigée par le R.P. du Lac.

 

1873 Admis 93ème sur 291, il entre le 24 octobre comme élève-officier à l’Ecole de Saint-Cyr et appartient à la promotion “Archiduc Albert”.

 

Lyautey - 1874 - Promotion Archiduc Albert
1874 - Promotion Archiduc Albert

 

La feuille signalétique établie à son entrée mentionne : - taille 1 m 76 - yeux bleus - cheveux châtains. Il commence à rédiger son journal intime "Notes quotidiennes" ou "Notes de jeunesse".


1874 Il assiste, le 8 mars, à une conférence donnée par le capitaine Albert de Mun, futur député et promoteur du catholicisme social . Captivé par ses idées, il va participer aux activités de l'oeuvre des “Cercles catholiques d'ouvriers", fondée par M. Maignen.

1875 Classé 29ème sur 281 à sa sortie de Saint-Cyr, il est nommé sous-lieutenant le 1er octobre et affecté au 26ème Bataillon de Chasseurs à pied. Etre tourmenté et mystique, il fait une retraite au monastère de la Grande Chartreuse en décembre.

1876 Affecté le 1er janvier à l’Ecole d’application d’Etat-Major où il a été admis avec les meilleurs de sa promotion. Continue à rédiger son journal intime. Deuxième retraite à la Grande Chartreuse en décembre.

1877 Promu Lieutenant dans le corps d’Etat-Major avec rang du 31 décembre. Il bénéficie d’un congé de deux mois avant de commencer un stage au 20ème Chasseurs à cheval où il a été affecté à compter du 9 janvier 1878.

 

Lyautey lieutenant (1877)
Lyautey lieutenant (1877)


1878 Du 1er février au 5 mars, profitant de son congé, le lieutenant Lyautey parcourt l’Algérie avec deux camarades de promotion, les lieutenants Prosper Keller et Louis Silhol. Fasciné, il veut tout voir, tout savoir, tout comprendre. Au fil de leur itinéraire qui traverse toute l'Algérie Lyautey écrit son journal "Notes d'Algérie", resté inédit.

Désormais, à partir de ce premier contact avec l'Algérie Lyautey rêvera sans cesse de ces “Pays de lumière” où il y a tant à faire. A son retour, il fait son stage au 20ème Chasseurs à Rambouillet, puis à Chateaudun jusqu’au 26 février 1880. Il doit ensuite effectuer son stage d’Infanterie au 69ème Régiment d’Infanterie à Nancy, mais il en est empêché par la maladie.

1880 A la suppression du Corps d’Etat-Major (loi du 20 mars 1880), il est versé, après tirage au sort, dans la cavalerie et affecté le 22 mai au 2ème Hussards, héritier des “Houzards de Chamborant”, à Sézanne qu’il rejoint le 1er août.

1880-82 Avec le 2ème Hussards, il part en Algérie du 6 novembre 1880 au 21 octobre 1882 à Orléansville, dans l’Ouarsenis, à Alger, Miliana, Teniet-El-Had. Il échange avec sa famille et ses amis une abondante correspondance, restée presque totalement inédite ("Lettres d'Algérie").

1882 Promu capitaine en octobre, à 28 ans, il est affecté au 4ème Régiment de Chasseurs à cheval à Bruyères (Vosges).

 

Le capitaine Lyautey, à Rome (1883)
Le capitaine Lyautey, à Rome (1883)


1883 De février à mai, il est envoyé en Italie pour rédiger un rapport sur la cavalerie italienne. Il fait un détour par Goritz, pour rencontrer le Comte de Chambord. Il est reçu en audience privée au Vatican par le Pape Léon XIII. Il visite Gênes, Florence, Sienne, Rome, Naples, Pompéi, Turin et écrit ses "Lettres d'Italie". Elles formeront plus tard la 1ère partie des "Lettres de Jeunesse" publiées en 1931.
De retour, il rejoint son Régiment à Epinal. Le 30 octobre, il est détaché en qualité d’officier d’ordonnance auprès du Général L'Hotte, inspecteur de la Cavalerie et va résider dix-neuf mois à Commercy, puis deux ans et demi à Tours. Il rédige le"Journal de Tours", inédit.

1887 Il rejoint, le 19 novembre, le 4ème Chasseurs à Saint-Germain-en-Laye, comme capitaine commandant le 1er escadron. Il se fait remarquer par la mise en oeuvre de sa conception, du rôle social de l’officier. Il pratique un style de commandement prenant en compte le facteur humain et bien vite son escadron devient l'escadron modèle de l'armée française.
Il fréquente les salons littéraires parisiens où il est apprécié pour son charme, sa culture étendue, ses idées novatrices et il commence la rédaction de ses "Souvenirs Familiaux". Il se lie d’amitié avec Eugène-Melchior de Vogüé, écrivain rendu célèbre par son "Roman russe" et chroniqueur à la "Revue des Deux Mondes".

 

Lyautey à Saint Germin en Laye (1887)
Lyautey à Saint Germin en Laye (1887)


1891 La “Revue des Deux Mondes” du 15 mars publie un article qui fait l’effet d’une bombe : "Du rôle social de l'Officier dans le service universel". L’auteur anonyme, sollicité par de Vogüé, n’est autre que Lyautey aussitôt traité d’officier “révolutionnaire”.
Plus d’un siècle après sa parution, cette étude n’a pas pris une ride et, pour avoir plus d’impact de nos jours pourrait s’intituler : “Le rôle humain des cadres dans le management des hommes”.
Le bruit fait autour de ce texte jugé non conformiste compte pour beaucoup dans la décision de l'éloigner : son départ en Indochine, en 1894, marquera un tournant décisif dans sa carrière.

1893 Promu Chef d’escadrons, il rejoint, le 22 mars sa nouvelle affectation au 12ème Régiment de Hussards à Gray. Il obtient un congé de trois mois, dont il en occupe deux (mai-juin) à voyager à travers l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie et descend le Danube jusqu'à la mer Noire. Puis, il séjourne à Constantinople, visite la Grèce et revient par l'Italie. Les lettres qu’il écrit formeront plus tard la 2ème partie des "Lettres de Jeunesse" publiées en 1931.
Le 16 octobre, il est détaché comme Chef d'Etat-Major de la 7ème Division de Cavalerie à Meaux.

 

Lyautey chef d'escadrons (1893)
Lyautey chef d'escadrons (1893)


1894 Affecté à l'Etat-Major des troupes de l’Indochine, il embarque à Marseille le 12 octobre. Appréciant ses qualités, le Général Duchemin, commandant en chef, en fait son Chef d'Etat-Major.

Le 5 décembre, Lyautey rencontre le Colonel Gallieni qui obtient de l’emmener en colonne avec lui pendant six mois. A l’école de cet homme de terrain, il se passionne pour la vie coloniale, une passion qui ne le quittera plus.
En effet, il se sent en harmonie avec l’action coloniale de Gallieni qui repose sur le respect des habitants, de leur culture, de leur religion et de leurs traditions, avec le souci constant "de faire de la vie". Il résume cette politique dans une formule: "ll faut savoir gouverner avec le mandarin et non pas contre le mandarin”.


1895 A partir de juillet, il occupe les fonctions de Chef du bureau militaire du Gouverneur Général de l’Indochine, Armand Rousseau, avec des responsabilités importantes. En 28 mois, le chef d'escadrons Lyautey aura parcouru le Tonkin, l'Annam, le Cambodge, la Cochinchine et écrit ses "Lettres du Tonkin".

 

1897 Appelé par Gallieni, nommé Gouverneur Général de Madagascar, Lyautey le rejoint directement et débarque le 7 mars à Tamatave. Promu Lieutenant-Colonel en septembre, il pacifie et organise le Nord-Ouest de l'île. Il écrit ses "Lettres de Madagascar".

 

1897 - Lyautey à Madagascar
1897 - Lyautey à Madagascar

 

1899 Le 26 mai, il arrive à Paris pour un congé d’un an. En décembre, il prononce une conférence très applaudie qui paraîtra dans la Revue des Deux-Mondes du 15 janvier 1900 sous le titre "Du rôle colonial de l'armée", un véritable programme pour l’officier colonial, devant tout à la fois être soldat, planteur, architecte, commerçant et parler la langue et les dialectes du pays.

1900 Promu Colonel le 6 février, il embarque le 10 juin à Marseille pour rejoindre Madagascar comme Commandant supérieur du sud de l’île qu'il pacifie en deux ans grâce à son génie servi par sa passion de l'action coloniale . A Fianarantsoa, il a trouvé un champ d’action à sa taille : pacification avec de nombreux ralliements, construction de cités, de routes et d’hôpitaux.
Il écrit ses "Lettres du sud de Madagascar".

 

Lyautey promu colonel (1900)
Lyautey promu colonel (1900)


1902 De retour en France, il est nommé, le 1er octobre, au commandement du 14ème Régiment de Hussards à Alençon.

1903 Il prend ses fonctions à Alençon le 1er janvier. Il s’y ennuie et ne parvient pas à assouvir sa soif d’action. Il publie en mai un livre technique bien accueilli : "Dans le Sud de Madagascar : pénétration militaire, situation politique et économique (1900-1902)”.
Convoqué d’urgence à Paris le 9 septembre, il y apprend sa nomination le lendemain au commandement des troupes d’Infanterie non embrigadées de la Division d’Oran et de la subdivision d’Aïn Sefra. Lyautey part donc précipitamment pour l’Algérie où le Gouverneur Jonnart, qui recherchait un officier de valeur pour rétablir la situation dégradée à la frontière algéro-marocaine, a obtenu son affectation. Lyautey lui avait été présenté par Jules Charles-Roux, homme très influent, dont il avait fait la connaissance en 1891.
Il est à pied d’oeuvre le 1er octobre et reçoit ses étoiles de Général de Brigade le 9 octobre. Il pacifie les confins algéro-marocains, et écrit ses "Lettres du sud-oranais".

 

Lyautey bientôt général de brigade à Aïn Sefra (1903)
Lyautey bientôt général de brigade à Aïn Sefra (1903)

1906 Le 9 décembre, il est nommé commandant par intérim de la Division d'Oran.

1907 Le 30 juillet, Lyautey est promu Général de Division et maintenu à Oran. Envoyé en mission d'inspection, du 3 au 25 octobre, à Rabat auprès du Corps d'occupation du Général d'Amade. Il écrit ses "Lettres de Rabat".

1908 Deuxième mission de Lyautey au Maroc du 14 mars au 11 avril. Tout en gardant son commandement à Oran, il est nommé Haut-Commissaire de France pour les confins algéro-marocains.

1909 Mariage du Général Lyautey à Paris, le 14 octobre, avec Inès de Bourgoing, de neuf ans sa cadette, fille du colonel Philippe de Bourgoing, Grand Ecuyer de Napoléon III et veuve du colonel Fortoul, fils d’un ministre de Napoléon III. Depuis son veuvage en 1900, Inès de Bourgoing filleule de l’Impératrice Eugènie, menait des actions du type “Infirmières sans frontières”. Elle partagera avec Lyautey sa conception de l’action coloniale et se dévouera sans compter dans le domaine social et sanitaire, au point que Lyautey parlait d’elle comme étant son “meilleur collaborateur”.

(voir la biographie de Madame Lyautey dans l'article suivant)

1910 Le 20 décembre, il est nommé au commandement du Xème Corps d'Armée à Rennes.

1912 Après la signature, le 30 mars, du traité de protectorat avec le Maroc (traité de Fès), il est nommé, le 28 avril, Commissaire Résident Général de la République Française au Maroc.

Lyautey débarque à Casablanca  du croiseur "Jules Ferry" le 13 mai et commence son oeuvre de pacification et d'organisation du pays.
Dans une conjoncture parfois difficile, souvent en désaccord avec le gouvernement, il va faire des merveilles. Tout à la fois, pacificateur, bâtisseur, négociateur, administrateur, il jette les bases du Maroc moderne tout en respectant son Sultan, ses traditions, sa religion, son patrimoine culturel et architectural. Clairvoyant, Lyautey, le Résident Général va doter le Maroc des infrastructures indispensables pour son évolution économique et sociale avec le dessein avoué de l'amener à son indépendance dans les meilleures conditions.
Le 31 octobre, le Résident Général est élu à l'Académie Française, où, en raison de la Grande Guerre, il ne sera reçu que le 8 juillet 1920.

1913 Le 17 septembre, il est élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur. En octobre, il effectue une mission officielle auprès du Roi d'Espagne Alphonse XIII et écrit son "Voyage en Espagne".

1914 Le 10 mai, grâce aux opérations menées, c’est la liaison de Taza, c’est à dire la jonction entre le Maroc et l’Algérie.
Apprenant la déclaration de guerre avec l’Allemagne, Lyautey s'exclame: "Ils sont fous, complètement fous, une guerre entre Européens est une guerre civile".

Il aurait aimé recevoir un grand commandement sur le front en France, mais il est maintenu au Maroc.

1915 La Médaille Militaire lui est décernée par arrêté du 15 septembre. Elle lui sera remise sur le front des troupes à Sidi Lamine le 12 octobre 1915.

1916
Appelé par Aristide Briand, soucieux de créer un choc psychologique en raison du prestige dont il jouit, Lyautey est nommé Ministre de la Guerre, le 12 décembre, et remplacé pendant son absence du Maroc par le Général Gouraud qui assume les fonctions de Résident Général en parfaite harmonie avec l'esprit qui animait Lyautey. Il tente d'organiser un Haut-Commandement interallié avec un chef unique et il s'oppose sans succès au projet de l'offensive de Nivelle au Chemin des Dames dont il prévoit le dramatique échec.

 

1916 Lyautey ministre de la Guerre visite des blessés
1916 Lyautey ministre de la Guerre visite des blessés


 

1917 Devant l'hostilité d'une grande fraction des députés, qui refusent de prendre les décisions dictées par la situation, il démissionne le 14 mars de son poste de ministre.

En mai, de retour au Maroc et le Général Lyautey reprend comme Résident Général son oeuvre de pacificateur et de bâtisseur du Maroc moderne.

 

1918 Tout en poursuivant avec détermination son oeuvre marocaine, le Résident Général Lyautey apporte depuis le Maroc sa contribution à l'effort de guerre contre l'Allemagne et donc à la victoire du 11 novembre 1918 par l’envoi de troupes entraînées et par un soutien logistique important et efficace. A ce titre, la dignité de Maréchal viendra consacrer Lyautey comme l'un des vainqueurs de la Grande Guerre 1914-18.

1920 Le 8 juillet, il est reçu à l'Académie Française où il avait été élu en octobre 1912. Le Général Lyautey avait séjourné chez son ami Wladimir d'Ormesson au château d'Ormesson pour y préparer son discours de réception.

Il rédige la fameuse note du 18 novembre dite du ”coup de barre”. Il publie ses "Lettres du Tonkin et de Madagascar".

 

Lyautey à l'Académie française (1920)
Lyautey à l'Académie française (1920)


1921 Le 19 février, Lyautey est élevé à la dignité de Maréchal de France.

 

1921 - Lyautey prêt à passer les troupes en revue
1921 - Lyautey prêt à passer les troupes en revue
 

 

1922 Pendant la première quinzaine d’avril, le Président de la République Millerand effectue un voyage officiel à travers tout le Maroc et inaugure à Rabat la Résidence de France, un mélange harmonieux de l'architecture française et de l'art marocain.

1923 Publication d”Hommage d’un Lorrain à un Lorrain” (Lyautey à Maurice Barrès).

1924 Lancement le 14 juin à La Seyne sur Mer du paquebot “Maréchal Lyautey” que les Allemands ont envoyé par le fond dans le port de Marseille au moment de la libération de la ville. Un deuxième paquebot “Lyautey” sera lancé pour le remplacer en 1952.



1925 Lâché par le Cartel des Gauches qui lui refuse les moyens nécessaires pour faire face à la rébellion du Rif menée par Abd el Krim soutenu par le parti communiste. Ses pouvoirs militaires lui sont retirés pour les confier à Pétain nommé, en quelque sorte pour le détrôner. et arrivé à Rabat le 22 août.
Lyautey démissionne de son poste de Résident Général. Il est réduit à embarquer comme un touriste le 10 octobre sur "l'Anfa" après des adieux émouvants. Au large de Gibraltar, il est salué par les torpilleurs anglais.

Par contre, à Marseille, (d'où il était parti jour pour jour le 12 octobre 1894 pour l'Indochine) il n’y a aucun accueil officiel et les honneurs réglementaires dus à un Maréchal de France ne lui sont pas rendus.

Lyautey, celui qui, selon une dédicace de la princesse Bibesco, avait donné un Empire à la République rentrait en France dans des conditions humiliantes après avoir servi jusqu'à l'âge de 71 ans.

Désormais, il partage son temps - en dehors de ses nombreux déplacements - entre Paris et, en Lorraine, son château de Thorey proche de Nancy, devenu son “port d’attache”. En effet, né Lorrain, Lyautey est resté attaché à sa Lorraine natale où il a voulu se retirer comme pour y inscrire sa légende.

Lyautey - 1925 - En opération dans le Rif
1925 - En opération dans le Rif


1926 Le 18 juillet, il reçoit dans sa propriété de Thorey le Sultan du Maroc Moulay Youssef. Après le décès de celui-ci en 1927, il recevra souvent son fils, le Sultan Mohammed qui lui a succédé et deviendra, au moment de l’indépendance du Maroc, SM le Roi Mohammed V.

Lyautey - 1926 - Le Sultan Moulay Youssef à Thorey
1926 - Le Sultan Moulay Youssef à Thorey

1927 Il publie "Paroles d'Action", un recueil de textes significatifs que l’on peut considérer comme son testament spirituel en l’absence de “Mémoires” qu’il s’est refusé à écrire.


Le 27 juillet, il est nommé Commissaire Général de l'Exposition Coloniale Internationale prévue en 1929 et restée dans les cartons. Le 27 décembre, il obtient son report en 1931 pour avoir le temps d’en préparer sa réussite.

Lyautey président d'honneur des scouts (1928)
Lyautey président d'honneur des scouts (1928)

1929 Devenu Président d’honneur de l’ensemble du scoutisme français en 1928, il assiste au Jamboree de Birkenhead aux côtés de lord Baden-Powell, général anglais créateur du scoutisme.

 

Lyautey à Thorey (1930)
Lyautey à Thorey (1930)

 

1931 L’Exposition Coloniale, inaugurée le 6 mai, ferme ses portes le 15 novembre après avoir accueilli plus de 33 millions de visiteurs. Comme témoignage, il en restera un magnifique palais à la Porte Dorée (Paris 12ème) qu’il avait dédié à la mémoire de l’oeuvre coloniale pour en faire un musée permanent de la France d’outre-mer.

Ce Palais "Lyautey" réalisé avec le concours d'architectes et d'artistes de talent dont Lyautey savait s'entourer devait aussi dans son esprit devenir un centre de rencontres  (palais des congrès avant la lettre) accueillant, riche en documentation et  à but social et économique dans les rapports entre la France et ses colonies.
Publication des "Lettres de Jeunesse" (1883-1893) et de l’opuscule “Le Maréchal Lyautey, instructeur”.

 



1934 Le 27 juillet, il décède à Thorey. Les funérailles nationales du Maréchal Lyautey ont lieu en présence d'Albert Lebrun, Président de la République, le 2 août à Nancy, la capitale de "sa" Lorraine. Il est inhumé provisoirement dans la crypte de la cathédrale. A la demande des habitants, Thorey devient Thorey-Lyautey.

 

1935 Le 27 octobre, sa dépouille quitte Nancy. Le 30 octobre, marque de l'attachement qu'il portait au peuple marocain et à ce pays qu’il a tant aimé, l’inhumation a lieu selon son voeu, au mausolée construit à Rabat où sa femme décédée le 9 février 1953 le rejoindra. On ne peut s'empêcher de penser à cette phrase de Maurice Barrés: "Honneur à ceux qui dans la tombe demeurent les guides et les régulateurs de la Cité".
1961
Depuis le 10 mai, le Maréchal Hubert Lyautey repose aux côtés de Foch, Turenne , Vauban sous le Dôme des Invalides à Paris.
Sur son tombeau est inscrite cette phrase dans laquelle il avait traduit son rêve :
“Etre un de ceux auxquels des hommes croient dans les yeux duquel des milliers d’yeux cherchent l’ordre, à la voix et à la plume duquel les routes se rouvrent, des pays se repeuplent, des villes surgissent”.

 

Lyautey - 1961 - Arrivée aux Invalides
1961 - Arrivée aux Invalides

 

Le 10 mai 1961, au cours de la cérémonie d’accueil aux Invalides

des cendres du Maréchal Lyautey,

le Général de Gaulle, Président de la République française
a prononcé le discours suivant : 


« C'est en terre française, à Paris, aux Invalides, que le Maréchal Lyautey va  poursuivre son dernier sommeil. Pour lui, il paraît donc sembler que tout soit  définitif.  Il  n'en  est rien  cependant. Si  noble que  puisse être  le décor  offert  finalement  à ses  cendres, l'esprit  et les  actes de  Lyautey ne  sauraient être  ensevelis. Dans un monde où tout change, la flamme qui l'animait est vivante,  I'exemple qu'il donna reste bon, la leçon qu'il a léguée, demeure féconde. Vingt sept années après sa mort, années qui virent se transformer de fond en comble  les conditions de son époque, voici qu'il nous apparaît comme un  homme d'à  présent car  ce  que fit ce  grand  romantique de la pensée et de l'action, porte l'empreinte d'une oeuvre  classique, c'est-à-dire valable en  tous cas et en  tous  temps parce que ce fut une oeuvre immense.    

Saint-cyrien,  officier  de  troupe,  officier  d'état-  major investi de missions militaires, administratives, politiques, dont l'importance allait en croissant,  ministre de la guerre au pire moment d'une grande épreuve, mais aussi homme  parmi les hommes, c'est avant tout de ses  semblables  qu'il était  sans cesse  occupé. Il l'était d'abord et de la manière la plus attrayante et la plus éclatante,  dans son comportement personnel. Passionné d'idées, prodigue de sentiments,  ayant eu le génie du contact, il excella à séduire les esprits, à s'attacher les cœurs  et à susciter les efforts. 
 
Mais  s'il voulait conduire les autres —  quel chef fut plus chef que lui — il  brûlait de les servir. Tout ce qu'il fit, tout ce qu'il dit, témoigna de la passion qu'il  avait d'élever ceux à qui il avait offert de mettre, suivant ses propres termes, une  parcelle d'amour dans chacune des entreprises qu'il construisait avec eux
.
Officier, c'est le rôle social offert à celui qui commande qu'il pratiquait et qu'il  mettait  en  relief. Colonisateur,  c'est,  je  le  cite,  l'action  constructive  et  bienfaisante  au profit et avec  l'aide des populations intéressées, leur  progrès  social, moral, économique, le souci de les comprendre, le devoir de respecter leurs  mœurs et leurs traditions, qui l'animaient et qu'il prescrivait.   

Politique, ce n'est pas du tout à l'abaissement d'un empire et à la domination  d'un pays qu'il tendit son action de résident général de France au Maroc, mais au contraire à la consolidation d'un Etat souverain, au développement d'une élite et  d'un peuple pour les aider à devenir capables de porter un jour les responsabilités  de l'indépendance et de la civilisation.

Voici en quels termes il exprimait cela dans un rapport au gouvernement : « Il  faut regarder bien en face, écrivait-il, la situation du monde, notamment du monde musulman et ne pas se laisser devancer par les événements. Ce n'est pas  en vain qu'on été lancées à travers le monde les formules du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les idées d'émancipation et d'évolution dans le sens  révolutionnaire. Il faut bien se garder de croire que les Marocains échappent ou échapperont longtemps à ce mouvement général ».  

Qu'y eut-il de plus clairvoyant et de plus fort que ce que le maréchal écrivait sur l'ensemble de l'Afrique du Nord en 1920, c'est-à-dire au moment même où notre  victoire dans la grande guerre  plaçait au plus haut notre confiance en nous-mêmes et notre prestige dans l'univers : « Il y a lieu de prévoir, disait-il, qu'en un  temps  plus  ou  moins  lointain,  l'Afrique  du  Nord,  évoluée,  vivant  de  sa  vie  autonome~ se détachera de la métropole. Il faut qu'à ce moment-là, ajoutait-il,  cette séparation se fasse sans douleur et que les Africains continuent toujours de  se tourner vers la France ».

Parce  que  son  oeuvre  était  humaine  elle  fut  essentiellement française. L'ascension et l'affranchissement des pays sous-développés, affranchissement et ascension réalisés par la France de ces pays sous-développés qu'elle avait pris sous son aile, bien loin qu'il y vit les effets de la faiblesse ou de l'abandon, étaient  pour lui, bien au contraire, des objectifs dignes des desseins et de la puissance  d'un  grand peuple. Mais  il était  réaliste  en  même temps  que généreux et ne  confondait pas du tout le respect qu'on doit avoir des autres, avec la démagogie.

C'est ainsi que pour réaliser son grand but, la naissance du Maroc moderne, il  appliqua à la fois la fermeté du gouvernement — rien en effet ne se crée que dans  l'ordre — l'influence de la culture, car tout procède de l'esprit, le sort de l'économie  dont il fit une sorte de miracle, car il savait bien qu'il n'y a pas d'avenir ailleurs que dans le développement, enfin et surtout la force et la gloire des armes, parce  que jamais parmi des peuples immobiles ne fut frayée la route aux réformes et  aux progrès sinon par l'effort, les peines et le sang des soldats. La marque que Lyautey mit à la réussite, c'était donc l'empreinte que la France en définitive et à travers toutes les secousses, met en  tout temps  et partout à ce  qu'elle veut  accomplir.
En vérité, le maréchal Lyautey n'a pas fini de servir la France ».

 

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De fait, l’épopée d'Hubert LYAUTEY n'est pas terminé. Le Maréchal Lyautey a laissé une oeuvre immense et d’une variété exceptionnelle. Elle est indélébile, parce qu’elle fut essentiellement humaine, et ses réalisations s’inscrivent dans une logique de prospective. Le génie de Lyautey avait perçu avant l’heure la révolution économique et industrielle qui allait secouer notre vieux monde, mais aussi la révolution technologique qui suivrait. Son mérite est d’avoir attiré l’attention sur les problèmes sociaux qu’allait engendrer la société moderne et d’avoir proposé des solutions empreintes d’humanisme.

 

Lyautey demeure une référence
Lyautey demeure une référence

 

Par son discours, son exemple et ses vues prospectives, le Maréchal LYAUTEY peut encore servir, non seulement la France, comme le disait le Général de Gaulle, mais aussi l’humanité dans les rapports entre les nations, les cultures, les croyances et les hommes.

 

En effet, plus qu'une LÉGENDE, Hubert LYAUTEY  Homme de tradition tourné vers l'avenir, humaniste  et visionnaire participe à un autre destin, celui  d'un SYMBOLE et d'une RÉFÉRENCE dans un MONDE qui tend à perdre ses repères.

 

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Les Décorations du Maréchal Lyautey


Décorations françaises
Chevalier de la Légion d'honneur du 30 décembre 1895.
Officier de la Légion d'honneur du 6 septembre 1902.
Commandeur de la Légion d'honneur du 12 juillet 1905.
Grand-Officier de la Légion d'honneur du 11 juillet 1908.
Grand-Croix de la Légion d'honneur du 17 septembre 1913.
Medaille militaire (arrêté du 15 septembre 1915).
Titulaire de 7 citations
Médaille coloniale agrafe  «Tonkin » (mars 1896).
Médaille nationale commémorative Maroc (agrafes Casablanca, Oudjda et Haut-Guir, 1910 et agrafe Maroc, 1912).
Chevalier du Mérite agricole (arrêté du 13 juillet 1899).
Officier du Mérite agricole du 1er septembre 1905.

Décorations étrangères

Commandeur de l'ordre Royal du Cambodge en 1896.
Commandeur de l'ordre du Dragon de l'Annam.
Commandeur de l'ordre de l'Étoile d'Anjouan (13 janvier 1902).
Chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas de Russie (1882).
Chevalier de l'ordre du Christ du Portugal (1882).
Officier du Soleil Levant du Japon.
Grand cordon de l'ordre de Léopold de Belgique (4 février 1917).
Croix de guerre belge (4 février 1917).
Grand Croix de l'ordre marocain du Ouissam Alaouite.