Page 2 sur 5 Dès sa jeunesse, il multiplie les voyages et semble animé d'une passion de la synthèse entre l'Orient et l'Occident, qui le mène notamment en Turquie, puis en Algérie. Son approche de l'Orient inspirée par Delacroix, est exempte de nombreux préjugés de son époque. L'homme se définit lui même comme un “amant de la lumière”, mais c'est aussi un amant du beau. Lyautey est un esthète, caractérisé par une sensibilité extrême, effervescente, qui le pousse naturellement vers les choses de l'art. Toute sa vie, il ne cessera toute sa vie de collectionner les bibelots rares, les étoffes, les armes et de superviser lui-même la décoration de ses logis, dont le Thorey nous restitue l'ambiance aujourd'hui encore.
Lyautey est un anticonformiste : Il y chez lui un côté grand seigneur, original, figure qu'il cultive jusqu'à l'ostentation et dont il fait un véritable principe de vie. Cette disposition d'esprit se manifeste dès Saint-Cyr : elle naît en réaction à l'esprit de corps et de soumission passive qui caractérise en général les jeunes officiers. Au contraire, lui, exècre l'esprit de carrière et la fierté martiale des militaires dans lesquels il ne voit qu'excès et vulgarité. Rappelez-vous ce dialogue avec Pétain: - Pétain: “Je suis devenu Maréchal en obéissant” - Lyautey : “Et moi, je suis devenu Maréchal en désobéissant”
Viscéralement traditionaliste, il sait pourtant rompre le corset des conventions légué par son univers familial. Profondément monarchiste, il sert la République avec un zèle extraordinaire. La tradition, les racines ne méritent selon lui d'être respectées que si elles sont source de vie. Il se refuse au conformisme et à l'adhésion béate aux rites militaires. Il se montre plus généralement choqué par le manque d'ouverture d'esprit d'une partie des élites françaises. En Algérie, Lyautey fréquente d'emblée les élites arabes, éprouvant un respect instinctif pour l'islam et sa civilisation patriarcale. Lyautey est un aventurier : Au delà de l'anticonformisme, se fait jour très tôt chez lui comme une bizarrerie, une curiosité insatisfaite. A l'âge de dix ans, féru d'une éthique spartiate, il s'oblige à dormir par terre. A 25 ans, ébloui par l'intense et mystérieuse beauté de l'Algérie, il décrit ainsi sa philosophie : “Il n’ y a que l'art, la vie errante, I'imprévu, le ciel bleu, les randonnées dans le désert”. Il goûte avec délectation l'intensité simple et sereine de la vie nomade dans les oasis, “le laisser vivre idéal, sans contraintes, sans lisières, presque la vie de nature”.
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